LE DROIT LITTERAL
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Et la douceur de septembre délassait
Du long travail acharné de cette saison
Qui précède les frimas et les bûches au salon
Pourquoi alors, en les voyant, ce frisson ?
Pourquoi, parmi les senteurs d’automne, un soupçon,
Ce filet d’air nauséabond
Et ce couple devant la maison ?
Casquette plate, imperméable et pataugas
Echarpe rouge et cheveux ras
Rictus en bouche, yeux dériveurs
Il disait bas, tout en noirceur.
Elle acquiesçait, peu conviviale,
Ponctuait ses phrases, l’air glacial
Sèche silhouette coiffée de rien
Lèvres pincées, oeil reptilien.
Monsieur disait-il, approuvait-elle,
Monsieur vous n’appliquez pas le Droit
Le Droit savez-vous, le Droit appuyait-elle
Le Droit, monsieur, est juste, comme je le croîs !
Certes, madame, le droit est respectable
Certes, monsieur, le droit est applicable
Dans la lettre, de manière générale,
Dans son esprit, beaucoup moins littéral !
Comment, monsieur, pouvez-vous dire cela ?
Quel esprit peut-il habiter là ?
La lettre du Droit est la lettre
Un texte où l’esprit ne peut paraître !
Oui, certes, madame, le droit est éminent
Oui, certes, monsieur, on l’écrit en noir et blanc
Mais c’est bien souvent insuffisant
Ne doit-on pas alors l’appliquer moins noir que blanc ?
Vous êtes, monsieur, du Droit un charlatan
Je ne vois pas comment faire autrement
Que dénoncer votre sens du Droit !
Je vais de ce pas écrire à qui de Droit !
CIMO