Je me souviens de cette rencontre mon frère
Ce jour où la mer et le ciel étaient gris, confondus.
Quelques rires d'enfants égayaient l'atmosphère
Et sous la tente chamelière,le silence fut rompu.
Nous contions nos vies sans faire de mystères
Toi dont les ancètres capturaient l'esclave
Moi dont les aïeux achetaient sans entraves
Héritiers tous deux de ces horribles misères.
Te souviens-tu de ces instants de paix et de sincérité?
Nos pères avaient dit-on le même Dieu de bonté
Mais, nés sous des cieux adverses, différents,
Ils le nommaient autrement et le faisaient concurrent.
Dans un élan du coeur, naïfs et provocateurs
Nous décidions alors de revenir aux dieux pluriels
Bien plus encore de n'en choisir aucun comme meneur
De garder le plaisir suprême d'en voir un pour chaque ciel.
Nous bâtissions à tout instant, au gré des vents,
De nos amours, de nos tourments,
Un dieu, des dieux, sans majuscule, sans sacrements,
Accueillant tous les enfants du royaume des vivants.
Te souviens-tu de ces instants magiques
Où l'esprit libéré s'ouvre au fantasmagorique
Où le temps passe si lentement, si légèrement
Que nous doutons d'être encore présents?
Il nous venait aussi que, nés sur cette même terre
Qui les vit se battre sans fin et sans lumière,
Des âmes erraient, couvrant parfois de poussière
Et vainement, les traces misérables des temps délétéres.
cimo