Ce jour je fais exception aux régles que je m'étais fixées en créant ce blog càd ne publier que mes modestes suites de mots. Ici il est question de militer pour une terre plus propre souhaitée
par -presque- tous et j'ai le plaisir de montrer une oeuvre artistique de Bernard LAVOREL dont j'apprécie le texte et dont je recommande le site "picasa web albums-behel"
sculptures.
L’eau qui en moi s’écoule est source d’existence
Et l’air que je respire vient la régénérer ;
Les fleuves sont mes veines, les forêts mes poumons.
Mais l’air inhalé est en dégénérescence
Et progressivement les mène à l’asphyxie
Car mon sol est bardé d’innombrables conduits
D’où s’échappent en brûlant des gaz délétères
Et l’eau baignant mon corps altéré, en sueur,
N’a plus la pureté ni la douce fraîcheur
Auxquelles tu aspirais, nature hospitalière.
Car à l’homme j’ai offert le fruit de mes entrailles
Pour nourrir son corps, calmer ses appétits.
Puisant dans mes ressources une vigueur sans failles
Je l’ai vu conquérir des espaces infinis
Et, chassant devant lui les autres créatures
Soumettre à son orgueil animaux et nature
Pour le plus grand profit d’une minorité
Convaincue d’exaucer toute l’humanité.
Que leur ai-je donc fait à ces humanoïdes
Pour qu’ils s’en prennent aux fruits de mes enfantements ?
Que leur ai-je donc fait à ces anthropoïdes
Pour qu’ils souillent à jamais mon environnement ?
Ils puisent dans mon eau pour irriguer leurs veines
Mais salissent cette eau de leurs déjections ;
Ils aspirent mon air pour emplir leurs poumons
Mais infectent cet air de leurs fumées, sans gêne.
Non contents de produire ces miasmes délétères
Voilà qu’ils s’avisent d’abriter en mon sein
Des déchets, résidus de fission nucléaire
Que, dans leur quête de ressources énergétiques,
Ils extraient constamment des piles atomiques.
Stockage dangereux aux effets redoutables
Pour qui s’aviserait, ignorant ou curieux
D’approcher dans mille ans ce site infréquentable
Voire d’y entreprendre un forage périlleux.
Ô homme téméraire qui vient en ces parages
Ou bien toi, créature débarquant d’un autre âge
Constate devant toi les effets pernicieux
Qu’aurait sur ta santé ta présence en ces lieux
En contemplant l’image d’une terre avilie
Vomissant les ordures en son corps enfouies.
Bernard Lavorel