Couleurs de pestes
Le parlement des sages rattus
Bruissait de rumeurs contenues...
De son trône de chiffonnailles
Grises moustaches en bataille
Ragotras le roi des rois
Fit entendre sa voix.
« L’ordre du jour vous est connu !
Le temps est donc venu
De la repentance à discourir,
Des faux semblants se démunir.
La peste fut, dit l’Homme, de notre fait.
Sur notre râble nous transportions
Du Levant à l’île Bourbon,
De navires en portefaix,
La puce qui fait le bubon.
Innocents transporteurs
Nous ne souhaitions le malheur.
Point donc de repentance
Ni d’hypocrites remontrances,
Les accusateurs des temps moyens
Ont depuis leurs propres assassins !
Si différents et si semblables
Dans leurs haines implacables,
Par la loi des armes,
Ils ont imposé leurs miasmes,
Abreuvant la terre de leurs pères
Du sang de leurs frères,
Des larmes de leurs mères.
Aussi terrifiantes que mortelles
Sont leurs pestes délétères,
Funestes maladies de cervelles
D’hommes assoiffés de sang
Qui firent en moins de cent ans
Bien plus de morts que les guerres
Et tous les canons d’antan.
De rouge barbouillées ou brunes de couleur,
Vertes en masques glabres ou barbues,
Elles sont encore de l’heure,
Massacrent les foules aux mains nues
Au nom de dieu, prétendument
Ou d’idées païennes, pareillement.
ainsi de toutes pestes Nous déclarons notre peuple innocent ! »
Ainsi parla Ragotras le roi des rois…
cimo